• INTERMEZZO

     

    Comment commence l'amour? Comme une chose qui ne sait pas encore son nom, une chose volatile sans poids ni arrières-pensées, comme un besoin soudain et irréfléchi de toucher.
    Jens Christian Grøndahl (1959- )

     

    Profitons des pissenlits en salade,  lorsqu'ils seront en fleurs, ce qui est le cas ici en centre Var, alors  pourquoi ne pas faire de la

     

    Liqueur de Pissenlits

     

     

      

    Cette recette est extrêment simple et cela vous fera un peu gambader. Les proportions peuvent être diminuer, pas d'affolement.

     

    Il faut:

    - 3 litres de fleurs de pissenlits

    - 500 gr de raisins de Corinthe

    - 3 oranges non traitées

    - 2 citrons de même

    - 4 litres d'eau de source

    - 1.8 kg de sucre de cannes

    - 2 litres d'eau de vie à 90°

     

     

    - Ramassez 3 litres de fleurs de pissenlits sans la queue évidemment, 3 litres cela représente un volume de fleurs non tassées.

    - Ne ramassez pas les insectes avec, c'est pas bon et ils ne seraient pas content du tout

    - Dans un grand récipient (vieille bonbonne bien nettoyée) versez 4 litres d'eau bouillante sur les fleurs, mais attention versez l'eau progressivement , en effet un choc thermique peu casser le verre de votre bonbonne.

      

    - Ajoutez 3 oranges douces et trois citrons non traités coupés en rondelles fines et épépinées.

    - Mettre aussi 500 gr de raisins de corninthe ébouillanté

    - Versez par le goulot un 1.8 kg de sucre de cannes en poudre

    - Versez 2 litres d'eau de vie à 90°

    C'est assez dur à trouver, mais si vous faites un peu de calcul mental, on peut faire avec de l'eau de vie à 45°, ou alors allez voir votre cousin qui distille en cachette loin dans la France profonde, le flattez et dire que les pissenlits sont pollués autour de chez vous, que les siens sont vraiment "bio", et que s'il avait une bonbonne cela vous dépannerait bien, et tant qu'à faire, dites lui que vous passerez dans 4 semaines pour prendre le tout.

    Fin de la recette ?

     

    - Bien mélanger, mettre une gaze sur le goulot, et laissez macérer 4 semaines en secouant de temps en temps dans un endroit frais et sombre

    - N'ouvrez pas aux gendarmes, les temps changent, ils sont plus jeunes et carbure au boissons sucrées gazeuses, les anciens étaient plus sympa et auraient trinqué avec vous, là vous risquez de "trinquez pour de bon", mais qu'il est con ce jupi.

    - Filtrez, et mettre en bouteilles ou dans une autre bonbonne, et n'oubliez pas de vider les fleurs, petite galère si vous avez pris une bonbonne avec un petit goulot.

     

    - Revenez discrètement de chez votre cousin et attachez votre bonbonne on est jamais à l'abri d'un accident

     

     

    - Asseyez vous sur une vieille pierre pleine de lichens

     

    - Regardez les dégâts que les sangliers ont fait , Sniff

     

    Et dans une grande solitude goûtez largement votre mixture

     

    * ne vous en faites pas pour les truffières , la saison est terminée, les truffes ramassées, et les sangliers cherchent de protéines animales dans le sol, vers de terre en particulier, ils en sont friands

     


    20 commentaires


  • L'amour n'est possible que si deux personnes communiquent entre elles à partir du centre de leur existence...

    Erich Fromm (1900-1980)

     

    3/5

    Et mon Marcéou, ramenait toujours le même gibier. Il avait dû faire des achats chez le quincaillier pour ne pas tomber à court de munitions. Le quincaillier s’en étonnait d’ailleurs :

    - ho, marcéou, què mé dies aqui ? (salut Marcel, qu’est-ce que tu me dis là ? )

    - et bien il me faut encore un peu de poudre, et du plomb de 5 qui fait 6 à Marseille (très longue histoire sur la dimension des  plombs, mais cela n’intéressera personne) et des amorces.

     

    - pour les bourres tu veux koâ ?

    Le quincaillier essayait toujours de vendre ses bourres, mais entre le journal qui ne coûtait rien et les bourres payantes il ne faisait pas le poids.

     

    - je me démerde !

    - oui, mais c’est mieux pour ton fusil, la pression est plus régulière, un jour il va te péter dans la tronche, il est vieux tu sais, et puis j’ai de bons fusils d’occasion ssi tu veux, avecque* les cartouches modernes.

     

    - pupu, pu, putaing comme tu le prends ! - oh, oh, oh, mon fusil il est à moâ et je l’aime, d’accord ? Le moderne m’en fouti (je m’en fous) et puis j’ai pas de ronds , alors !!! et en plus mon fusil il m'aime aussi.

     


    - allez, Zou, file-moi ce que je t’ai demandé et basta !

    J’ai oublié de vous dire qu’ils bégayaient tous les deux, légèrement mais lorsque le ton est plus rapide vous savez ce qu’il se passe entre deux bègues.

     

     

    Cette anecdote est vraie.

    Le quincaillier bégayait, le pôvre, il est mort il y deux ans.

    Les munitions en poche Marcéou reprit ses activités de chasse. Il ne faisait pas que chasser ce bougre, il était journalier, oui, vous savez les gens qui louent leurs bras pour toutes sortes d’activités  (non, pas pour soulever la fonte le soir dans la salle de Gym, franchement vous avez de drôles d’idées), mais le plus communément pour les travaux des champs, ou alors un peu comme manœuvre dans la maçonnerie. La maçonnerie à l’époque c’était beaucoup du rafistolage, les maisons ne poussaient pas comme des champignons AnglOis.

     

    Un coin de toiture par ci, une fente de citerne par là,  juste des travaux d’entretien.

    Marcéou, ne chassait pas tous les jours donc, mais dès qu’il avait un moment de libre, il retournait à son coin et canardait pies et geais. L’Adèle lui avait demandé de ramener autre chose, une lébrasse* par exemple, des lapins, bref n’importe quoi d’autre, une cuisse de Tyrex, « attention Tyrex boiteux , te bouffe en moins de deux ».

     

    Elle en avait marre de plumer ces volatiles, en plus c’est plein de pépidons.*

    Elle cachait bien les plumes dans la poubelle, car ce n’était pas des plumes de grives.

    Elle donnait les oiseaux plumés et vidés à son entourage, proche et moins proche, mais comme monnaie d’échange pour ses ragots, cela n’était pas terrible.

    Vous savez, avec deux douzaines de grives , vous pouvez avoir des secrets de confessions, par la bouche même du curé. Et oui, notre curé était un épicurien, pas un moinillon maigre et grand comme une asperge sauvage qui se nourrit de quatre prières et d’un verre d’eau bénite et d'une salade de régardéli.*

     

    Non, le nôtre était un bon curé bien gras, au bord de l'asphyxie vasculaire,  qui ne ratait pas une occasion pour s’en mettre plein le bedon, mais je n’en dirais pas plus, ses enfants auraient bien d’autres choses à vous raconter...


    .../...

    *lébrasse :  un gros lièvre, grosse lèbre, la lébre est féminin dans le Var, au même titre que la platane (oui c’est vrai) demandez à Nadine de Trans.

    *pépidons : petits poux, comme chez les poules d’ailleurs.

    *régardèli : salade sauvage un peu "raide"


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