• le chasseur de Geais (5/5)

    La véritable indépendance consiste à dépendre de qui on veut.
    Frédéric Dard (1921-2000)

    Je fais mourir de faim l'amour pour qu'il dévore ce qu'il trouve.
    Octavio Paz (1914-1998)


    5/5


    - C'est pas tout, mais file moi à boire, j'ai la pépie*.

    - enfin une parole censée de ta part, mais tu pourrais le demander poliment !

    - c'est vrai que toi c'est pas en escrabouillant* les mouches sur ce comptoir que tu vas attraper des suées !

    - tu sais ce qu'elles te disent mes mouches ?

    - m'en fouti (je m'en fous), tu vas me servir à boire Tavan Merdassier* !

    Re-bruits de toutes sortes.


    Violette était une vieille fille à moustache et n’avait pas peur des hommes.

    Bousculant les quelques curieux elle entra dans le bar :

    - je voudrais bien savoir de vous deux, qui a tiré dans la gouttière ?

    - c’est moi, dit, Marcéou, mais c’était un accident.

    - accident d’ivrognasse, voui ! Vous êtes beaux là, tous les deux, pas un pour rattraper l'autre !

    - c’était du petit plomb, tu sais, ce doit être de petits trous, et puis tu n'as qu'à mettre un géranium en dessous, comme ça l'arrosage sera gratuit.

    - et en plus te te fout de moi ! et bé, les trous, c’est le couvreur qui viendra voir et qui t’enverra la facture.

    - oh, je ne t'ai pas détaoulisser* la baraque tout de même, surtout avecque du petit plomb !
    Elle vira les talons et sortie de ce lieux de perdition,et tourna la tête pour dire :

    - et c'est pas la peine de barjaquer * des histoires derrière mon dos, hommes de peu de foi !

    - bé, si on on a un gros foie

    Les badauds n'eurent pas le temps de commencer à blaguer, les gendarmes arrivaient dans leur rutilante et toute nouvelle Juvaquattre.

    Les explications furent assez compliquées :

    Comment croire un "individu" armé dans un bar, qui vient de tirer un coup de feu dans la rue, devant deux verres de bière, et qui raconte avoir trouvé une tête humaine !

    Record de vitesse, 1 heure et quart après et quelques boissons (oui il fait chaud et soif aussi, et les gendarmes peuvent boire s'ils enlèvent leurs képis) Marcéou débarrassé de ses outils de chasseur, pris la place d'un malfrat(sans les menottes) dans la voiture pour guider nos pauvres gendarmes.

    Du chemin carrossable à la gorge de cinq heures, il y avait encore un travers* à faire à pied.

    Passons sur les détails des uniformes des gendarmes et de l'amour que portent toutes les espèces végétales piquantes à la maréchaussée.

    Quelques personnes du villages, les "riches", ceux qui avaient des voitures, c'étaient rendues sur les lieux aussi, au grand déplaisir des gendarmes évidemment.

    Marcéou ralentissait son pas, pour attendre, mais il était maintenant impatient d'avoir une explication de la part des autorités.

    Finalement après bien des accros, des moulons* de gros mots, et être tombé dans une merde de tyrex (imaginez le tas de merde par rapport à la bête) ils arrivèrent devant cette fameuse tête. Guidés aussi par les oiseaux qui tournaient un peu comme des vautours, oui mais, des vautours de Provence.

    Les gendarmes étaient surpris. Comment une tête seule peut se trouver à cet endroit si éloigné.  Il faut dire que la gorge de cinq heures est assez perdue, et en plein massif du Bessillon, il faut vraiment y venir exprès.

    Moins bête que son air simple le laissait paraître, Marcéou fit remarquer que cette tête pouvait venir d'un corps (évidemment) et que les renards ou autre animaux avaient tirassée* celle-ci et que le reste devait être quelque part.

    Alors que les gendarmes examinaient la tête vraiment pas belle à voir, Marcéou élargissait le cercle de ses recherches. L'air était empuanti par cette odeur de charogne. Il se frotta un peu de thym sur les mains et les avant-bras, pour atténuer l'odeur et aussi comme antiseptique préventif très efficace.

    En effet, les darnagas*accrochent leurs nourriture (souvent des charognes et des petites souris) sur les épines des buissons, infectant toutes griffures que vous pouvez recevoir (vrai).

    Il finit par tomber sur le reste du corps (je vous passe les détails, voir les Experts au USA et Bones). Il appela les gendarmes, en levant la tête, il y avait une corde avec un semblant de noeud coulant.

    La personne s'était pendue, ou avait été pendue, pourquoi, comment, par qui, pourquoi si loin ?

    Cela on ne le sut jamais, les moyens d'investigation de l'époque étaient très limités. Bien qu'intriguante l'affaire fût vite classée, juste quelques lignes dans les journaux. (Gutenberg venait juste de l'imprimer)

    De même, pour l'identité de la victime, c'était un homme, mais on n'en sût pas plus.

    Marcéou, passa plus de deux jours à la gendarmerie.

    Entre la dactylographie balbutiante d'un gendarme, et la traduction des mots provencaux en français, les explications confuses et emmêlées, il fallut bien ce temps là, pour qu'il soit de nouveau autorisé à rentrer chez lui.

    Fan de chichourle*, le retour au village serait bien plus difficile que ces deux jours passés auprès de la maréchaussée.
    Adèle avait donné pas mal de ces oiseaux autour d'elle si vous faites bien attention et que vous suivez les articles précédents, ces personnes étaient devenues en quelque sorte "antropophages".


    Mais si vous voulez savoir comment cela c'est passé, il faut me le demander..., mais la, il faut que j'invente et comme mes neurones n'ont pas un bon Karma en ce moment ce sera difficile


    * pépie : soif des oiseaux qui viennent souvent boire, "oh elles ont la pépie tes poules".
    * tavan merdassier : taon qui va pondre ses oeufs dans le crottin, en parlant proprement.

    * détaoulisser : détoiturer.

    * barjaquer : bavarder, parler à tort et à travers, "aresteti dé barjaqua" (arrête-toi de raconter n'importe quoi).

    * travers : désigne plutôt une unité de surface et de temps "on encore un sacré travers de colline pour arriver avant ce soir".

    * moulon : un tas, ici employé comme une grosse quantité d'injures, mais on dit aussi un moulon de pierres, un gros , une grosse quantité.

    * tirassée : tirassa, traîner, tirer après soi. la tirasse est aussi un instrument araire

    * darnaga : pie griège, oiseaux qui accroche ses prises et sa nourriture sur les épines d'un buisson.

    * fan de chichourle : fan, fréquemment utilisé dans des formules exclamatives, dans toutes sortes de situations : surprise, étonnement, admiration, désarroi, etc. : Fan de garce ! Fan de petan ! Fan de chichourle ! Fan des pieds ! Oh ! Fan ! etc.

    La Chichourle est le fruit du jujubier, alors pourquoi  "fan de chichourle" et bien je ne sais pas, en fait si je sais mais la moralité ne me permet pas de le dire, déjà que je reçois des mails me signifiant que je suis grossier, bof, bof bof !

    * escrabouiller :  aplatir, réduire en bouillie, écraser fortement.

     

    Moralité  : tout se mange, ce qui vole sauf les avions, ce qui rampe sauf les tanks ,et ce qui nage dans les eaux sauf les sous marins

     

     


  • Commentaires

    7
    chris
    Mardi 26 Août 2014 à 17:59
    chris

    Bonjour MR le conteur de galéjades

    Merci pour cette suite,qui commence agréablement ce mois d'Avril.

    A mon âge,... je ris encore comme une gamine,c'est bon signe.

    Est-ce que sur le plan santé vous êtes un peu plus serein??Je vous le souhaite du fond du coeur.   Bien amicalement  Chris

     

    6
    Barbajuan
    Mardi 26 Août 2014 à 17:59
    Barbajuan

    René était en forme cette nuit ! Bon ! Bien sur pour moi c'est une histoire d'amour qui finit mal (en général, mon colonel). Violette Empot et sa cousine Violette Sauvage qui avait la même mamé maternelle qui s'appellait Violette Enbouquet, ont assasiné ce pôvre mais magnifique pâtre grec de passage  avec sa geule de métèque, dont elles étaient amoureuses toutes les deux. Une engaste de cagole quoi. Voilà, on nage en plein délire, et c'est de ta faute mon brave Jupi. Quant à faire de l'antropophagie je préfere le Fioupéland aux geais. 
    Sur ce je vais me radasser car ça m'a tuer les neurones restantes.
    Gros bisous Jupi.
    Bonne semaines à tous les cachiniens (pas bavards) et Grand coucou à LiRe.
    Mireille 

    5
    René l'anchois
    Mardi 26 Août 2014 à 17:59
    René l'anchois

    Bonsoir Jupi.

    Eb ben. Moi je pense que le pendu était amoureux de "violette", qu'elle lui causait quelques " soucis " car il "pensée" trop à elle et qu'en même temps il aimait aussi " rose " , celle qui avait du " vase " et non pas "du pot", donc il avait un" oeil et " l'iris " sur l'une et sur l'autre et j'arrête mes bétises...hihihihi...

    Une devinette quand même par rapport aux pies !!!! Un peu osée mais c'est le 1er avril. A lire vite surtout la morale:

    -Un hanneton volage vola.

    -Une pie passa.

    -La pie happa l'appât mais le manqua.

    Morale......

    Quel bel appât que la pie n'happa pas .....

    Je ne demande rien pour les droits d'auteur ...Geai déjà reçu...Hihihihi..

    Quel drôle d'oiseau ce René l'anchois !!

    Pardon pour tout.

    Bonne semaine à tous et bises à LiMi.

     

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    4
    lizagrèce
    Mardi 26 Août 2014 à 17:59
    lizagrèce

    Merci pour le lexique provençal

    http://maisondeliza.over-blog.fr

    3
    Lundi 2 Avril 2012 à 20:26
    Liliane

    Une histoire ébourrifante... Ca sent mauvais tout ceci ! Mais tu racontes si bien et surtout tu brodes bien !!! Merci mon Jupinou.
    Bon l'histoire de l'ami René est drôle aussi... J'ai été surprise par la fin !!! Hi,hi, hi !!! Et Mireille elle se fait rôtir à la plage, elle prend un bain glacé dans cette belle bleue... Ra, la, la quelle chance, j'ai froid... 2° ce matin... Sous le soleil.
    RÔOOoooo bisousssSSSS mon Jupinou à ReMi (fa, sol, la, si, do...) aussi.

    2
    Lundi 2 Avril 2012 à 07:43
    cricri d amour

    On aurait peut être dû faire appel

    à Hercule Poirot pour trouver des indices.

    Bises mon bon Jupi.

    1
    Lundi 2 Avril 2012 à 07:23

    J'ai aussi les neurones en vadrouille ailleurs que dans ma tête ...

    Bon début de semaine.
    Bisoux



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